Franco Aceves Humana, Nadia Benbouta, Adam Chamandy, Pascal Colrat, Gaston Damag, Mounir Fatmi, Norton Maza, Hugo Núñez, Ana Quiroz.
La galerie française Talmart et YAM Gallery du Mexique présentent une exposition commune, fruit de leur désir d’organiser la rencontre d’artistes contemporains venant d’horizons divers. Elles offrent une lecture convergente du travail de leurs artistes respectifs ou invités pour l’occasion. Originaires d’Algérie, du Maroc, du Mexique, du Chili, de France, du Canada et des Philippines, les artistes présentent des travaux aux techniques variées : objets, sculptures, néons, photographies, vidéo et art digital.
L’exposition REPLICANTS se centre sur le multiple d’artiste et le travail en série. Les œuvres ici présentées s’approprient les techniques de production propres à l’industrie. La qualité de ces travaux réside dans la résonnance des procédés techniques avec leur sujet.
Ainsi, avec le miroir You and Me de Pascal Colrat en forme de pictogramme humain, le reflet de chacun peut transformer le symbole universel à son image.
Hard Head, la vanité de mounir fatmi représentée par un crâne humain dessiné de calligraphie arabe coranique, est le support des codes entremêlés des religions chrétienne et musulmane.
Autre objet manufacturé, autre symbole, la machette d’Hugo Nuñez évoque des violences perpétrées en pays lointains. Recouverte de sauterelles comestibles, elle enveloppe d’étrangeté un outil familier.
Si le multiple permet la démultiplication de la forme, il met aussi en scène l’uniformisation de nos regards. On reconnaîtra dans les bouées colorées et brillantes des sculptures en résine d’Ana Quiroz la douceur acidulée de bonbons enfantins. Elles sont pourtant la représentation acide de ces ceintures de misère qui entourent les mégalopoles des pays émergents. La pilule n’est pas si facile à avaler…
Idem pour les messages lumineux des néons de Nadia Benbouta qui narguent notre œil. Si nous avons reconnu le graphisme des emballages de parfums de luxe, c’est qu’il faut nous rendre à l’évidence : nous sommes devenus les junkies de l’image de marque.
L’artiste chilien Norton Maza, lui, s’empare de l’imaginaire des dessins animés pour lui restituer sa valeur ludique. Dans la série de photographies Transformes, « l’entertainment » n’est pas pris au sérieux, mais plutôt joue sur la créativité toute enfantine des déguisements en carton-pâte, à l’image de ces enfants vêtus d’armures postiches.
Autre parodie : les portraits touristiques de Gaston Damag traitent avec humour des clichés des voyageurs foulés qui pensent vivre l’expérience originelle de la découverte de terres inconnues, cependant obligés d’accepter la présence décevante d’une bouteille de soda sur les photos de vacances.
La reproductibilité de l’œuvre confronte aussi son rapport avec le travail manuel. Le projet d’Adam Chamandy présente l’œuvre sous deux dimensions : une tablette graphique montre la vidéo d’une animation superposée à un bloc de 3000 feuilles de papier dessinées une à une, sur lesquelles s’enchaînent les séquences du film présenté. Ainsi, on peut emporter la mémoire d’une œuvre sur un support digital et la faire perdurer dans le temps et dans l’espace, au risque de s’égarer, à l’image des personnages du Tunel del Tiempo de Franco Aceves Humana.